Beerstorming

Beerstorming : découverte du projet d'évolution de la brasserie bruxelloise

Une publication de la brasserie saint-gilloise Beerstorming a presque pu passer inaperçu. Pourtant le 20 septembre 2022, Arthur Ries l’annonçait : la formule de Beerstorming allait évoluer. J’ai voulu en savoir plus, et cette discussion nous a permis de déborder un peu sur d’autres sujets.

En effet si la formule maintenant bien connue de Beerstorming – venir en groupe y brasser sa bière pendant une soirée de découverte, et régulièrement élire une recette pour l’intégrer dans leur gamme – rencontre un succès indéniable, l’évolution du contexte de ces dernières années n’est pas sans conséquences, qui deviennent de plus en plus sensibles sur la scène brassicole. Ci et là les avis de fermeture et de rachats de brasseries ou l’augmentation des prix de vente pour n’évoquer que les plus évidentes, mais cela va bien plus loin.

Beerstorming évolue

La formule avait donc de quoi attiser ma curiosité, et voici ce qu’Arthur m’en dit. Cette annonce avait plusieurs buts : les bons cadeaux ayant bien fonctionné pour les fêtes, il s’agissait de les activer auprès de celles et ceux qui en bénéficieraient. Mais ce n’est pas la seule motivation : comme nous le savons tous, l’augmentation sévère des prix de l’énergie frappe de plein fouet l’entièreté de la société, tant directement qu’indirectement (fournisseurs, mais aussi services, etc.). Les prix de ce que propose Beerstorming doivent en tenir compte, d’autant que leurs prix de vente n’ont pas augmenté depuis au moins sept ans. Mais il y a plus : l’équipe évolue, des brasseurs, ils ont également accueilli une personne en charge de leur communication, et des commerciaux. Parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’organiser des ateliers, mais également des événements musicaux, et pourquoi pas des soirées à thème.

C’est que Beerstorming, fondée en 2015, en est à dépasser son 500ème brassin. Arthur rajoute : « c’est marrant que nous puissions être la plus petite brasserie de Belgique avec le plus grand nombre de bières différentes. C’est d’ailleurs de la sorte que nous atteignons nos objectifs : éduquer à la bière, et nous permettre d’avoir une idée assez précise de l’évolution du marché ». Notamment par l’évolution des recettes choisies par leurs clients.

Il commente leur évolution et celle de la scène brassicole bruxelloise.

« De plus en plus de monde est au courant de la scène brassicole artisanale. Plus de clients potentiels, de consommateurs, mais aussi une demande plus diverse, tout comme l’offre. » Et cette diversité reflète grande pluriculturalité bruxelloise. « C’est un joli mix », observe-t-il. Et les amateurs sont prêts à goûter davantage de choses différentes. « Ce qui n’implique pas nécessairement de délaisser nos traditions belges », sourit-il. Même s’il observe que les demandes de sa clientèle se font plus exigeantes, plus variées également.

Pourquoi les prix doivent augmenter ?

Deux raisons principales : l’augmentation de savoir-faire et de qualité de ce que Beerstorming propose peuvent être évoquées d’une part ; ce qui par contre détermine certainement cette augmentation s’origine des prix de fonctionnement de la brasserie, l’augmentation des prix des matières premières, des énergies, des salaires imposée par l’État. Ces contraintes sont un peu comme l’éléphant dans un magasin de porcelaine : elles impactent toute la chaîne de la bière, de la production des matières premières jusqu’aux consommateurs. L’ombre de la disette plane au-dessus du berceau brassicole bruxellois, et ce depuis mars 2020.

Cet état de fait m’inspire cette métaphore : et s’il était possible d’observer la bière bruxelloise sou l’angle de la géologie ? Je ne m’y interdirais pas, pour ma part. Le milieu impose des contraintes (physiques, temporelles, entre autres), qui déterminent sans directive l’aspect mais aussi la dynamique de l’entièreté du tableau. Envisageons un instant un ruisseau : bien que son écoulement se fait inéluctable, celui-ci est évidemment influencé, voire déterminé par des contraintes qui à la fois lui sont étrangères, mais aussi intrinsèques, et secondaires. Et chaque événement laisse des traces qui pourront influencer ce qui s’y produira en aval, avec une amplitude a priori indéterminable.

D’où l’importance d’étudier – même grossièrement – l’histoire de la bière à Bruxelles, pour espérer saisir une partie de ce qui s’y joue aujourd’hui.

Santé !

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