Week-end - Vol. Alcool : 5%
Le pitch:
Depuis notre rencontre au mois d'août dernier, les trois brasseurs de "La Jungle" n'ont pas chômé. Forcés de quitter le Hangar du Kanaal, ils sont en train d'emménager à quelques encablures de là, dans une partie du studio Citygate, et espèrent y être installé d'ici la fin du mois de février. Question brassage, ils font un joli doublé avec la sortie d'une bière de table mais aussi d'une grisette. C'est sur cette dernière que nous allons nous attarder. Mais qu'est-ce qu'une grisette finalement ? Il s'agit d'une bière de blé de haute fermentation qui servait à abreuver les mineurs de la province du Hainaut au début du 20ème siècle. Le terme "Grisette", qui signifie "petit gris", proviendrait des robes grises que portaient les femmes de la classe ouvrière et dont la fonction était d'apporter des plateaux de bières pour sustenter les mineurs après leur journée harassante. D'après d'autres sources, elle tiendrait également son nom de la couleur de la pierre porphyritique extraite dans la région du Nord du Hainaut, se déposant sous forme de poussière grise sur les vêtements des travailleurs. Cette bière traditionnellement légère, sèche et modérément houblonnée est un style encore assez méconnu du grand public, une sorte d'ardoise vierge sur laquelle les brasseurs contemporains réinventent ce style de multiples façons. Dans le cas présent, la "Week-end" (hommage au documentaire en noir et blanc "Week-end, ou la qualité de vie" avec l'inégalable Michel Demaret) nous est présenté comme une grisette avec un houblonnage à froid au "Styrian Golding". Voyons maintenant ce que cette bière rustique nous réserve à la dégustation.
La dégustation:
Dès le service, une mousse blanche éclatante, généreuse et compacte s'empare du verre pour chapeauter une robe jaune paille légèrement brumeuse. De par son corps souple et douillet, cette grisette permet aux houblons de se démarquer tout en nuances. La première salve d'arômes nous envoie donc dans un jardin fleuri, appuyé par des notes végétales fraîches. Grâce aux malts, une petite rondeur mielleuse vient égayer l'odorat et s'harmoniser avec le côté fleuri du houblon. Le second nez est plus marqué sur des parfums de roses, accompagnés d'une légère pointe citronnée et de litchi. La bonne tenue de mousse permet une entrée en matière agréable et onctueuse. Cette première lampée est aussi légèrement suave et maltée, sans trop d'effervescence, mais rafraîchie par la présence herbacée du houblon. La gorgée une fois avalée, la bière révèle son caractère amer, toujours sur un ton herbacé. Tout en longueur mais sans être incisive, cette fine amertume se poursuit ensuite par une sècheresse mesurée qui nous donne envie d'y retourner. Cette bière nous propose donc tout ce qu'on pourrait attendre d'une grisette. Pour être honnête et ainsi résumer la dégustation en deux mots : elle est "méchamment pintable" !