carlsberg-heineken

Carlsberg-Heineken inquiètent avec un nouveau brevet

carlsberg-heineken

Vive réaction sur le web après une annonce visible sur le site de l'European Beer Consumers Union. Le groupe militant allemand "No patents on beer" (pas de brevets sur la bière) s'inquiète de trois brevets déposés récemment via l'Union Européenne par les brasseries Carlsberg (Danemark) et Heineken (Pays-Bas).  Deux brevets concernent des variétés d'orge (obtenu par mutation aléatoire, l'un avec des niveaux réduits de DMS, l'autre avec des niveaux réduits de lipoxygenase). Le troisième brevet concerne une méthode de brassage utilisant ces deux variétés d'orge, pour économiser de l'énergie lors de la fabrication de bière.

Plusieurs éléments inquiètent de nombreux signataires d'une pétition en ligne (qu'on peut signer ici):

Ces brevets accordés concernent des plantations dont l'évolution génétique n'est pas influencée directement en laboratoire comme pour des OGM. Les pétitionnaires souhaitent bloquer ces initiatives pour empêcher des industriels de l'agriculture ou de la bière d'apposer des brevets sur toutes les espèces de céréales utilisées en brassage. Rappelons que des initiatives similaires furent lancées (avec succès pour l'instant) pour contrer ce genre de volonté affichée par des groupes comme Monsanto. Car si les brevets actuels concernent bien deux types d'orge cultivés et développés par Carlsberg et Heineken, rien n'empêcherait en théorie d'autres brevets futurs de concerner des types d'orge plus répandus.

Carlsberg est connu pour sa recherche scientifique et n'a pas pour habitude de déposer des brevets à but purement commercial. Plusieurs grandes découvertes du monde brassicole proviennent des laboratoires de la brasserie danoise, et furent rendues gratuitement publiques pour les brasseurs. Il apparaît comme surprenant, voir inquiétant, que cette brasserie s'associe à un concurrent direct: Heineken (désormais deuxième producteur industriel mondial derrière AB Inbev).

1 comments

  1. Laurent Mousson 6 juin, 2017 at 16:03 Répondre

    Pour tenter de rendre le truc à peu près intelligible et sans déraper dans l’alarmisme… le fond de l’affaire, c’est:
    – que ces nouvelles variétés ont été obtenues par mutagenèse, donc en provoquant une mutation qui peut se retrouver par ailleurs dans la nature (et non en insérant un gène étranger dans le code génétique de cette variété, comme dans un OGM)
    – C’est donc une simple découverte, non une création / invention, donc c’est pas brevetable. Donc l’office Européen des Brevets n’a pas fait son boulot correctement et devrait annuler les engregistrements de ces brevets.
    – Ceci dit, une bonne partie des orges de brassage, obtenues par hybridation, sont enregistrée sous le régime de protection des obtentions végétales, donc leur usage n’est pas libre (même cas que des houblons comme l’Amarillo, le Simcoe, etc.) Donc on peut se demander à quoi jouent Kro et Keken, là, en n’employant pas les bons moyens légaux de protection…
    – Une des variétés a un taux de DMS très bas, l’autre un taux de lipoxygénase très bas. Donc le but est de produire des bières qui ne sentent pas le maïs en boîte et ne virent pas trop tôt au carton mouillé en vieillissant.
    – Le 3e brevet concerne une version du processus de brassage (et non LE processus de brassage), mettant en oeuvre les deux variétés en question, et « économique en énergie ». Et ce qu’on trouve spécifiquement, outre l’usage de systèmes bien fermés avec une évaporation très réduite, c’est le point [0132], à la page 15, qui parle d’une ébu de 30 minutes au maximum, de préférence 20 minutes.
    – Avec ce genre de durée, qu’est-ce qu’on isomérise vraiment extrait en acides alpha du houblon ? Y’ a de bonnes chances que ça implique de travailler avec des extraits isomérisés… pas le genre de jeu auquel jouent les micros, en principe.
    => Donc l’affaire est largement une réponse de gros industriels à un problème de gros industriels.
    Mais il n’empêche que, à la base, ces brevets ne sont pas conformes à la législation en la matière et devraient sauter.

    PS : Les trois brevets sont consultables ici :
    http://www.no-patents-on-beer.org/dateien/downloads/EP_2373154_B1_Carlsberg.pdf
    http://www.no-patents-on-beer.org/dateien/downloads/ep2384110_b1_carlsberg.pdf
    http://www.no-patents-on-beer.org/dateien/downloads/ep2575433_b1_carlsberg.pdf

Laisser une réponse