Connue pour être la plus confidentielle des trappistes belges, la Westvleteren va faire son entrée sur les rayons d'une enseigne néerlandaise, spécialisée dans la vente d'alcools, et notamment des trappistes comme l'Orval, la Rochefort ou la Westmalle. Une véritable aubaine, tant la bière est réputée pour être difficile d'accès. Pour rappel, jusqu'en 2019, il fallait obligatoirement se rendre à l'abbaye directement via un rendez-vous téléphonique, et la vente reste limitée à deux casiers maximum. Il est désormais possible de réserver en ligne, pour des créneaux exigeants qui n'excluent pas toujours les longues files d'amateurs devant l'abbaye. Un processus contraignant, mais qui n'empêche pas certains magasins de revendre des bouteilles de Westvleteren sans autorisation... souvent à prix d'or.
Un marché illicite que souhaite limiter l'abbaye en autorisant la chaîne Wauters Hulst à revendre ses produits. Il est toutefois déjà précisé que les quelques 1500 magasins que compte l'enseigne n'auront pas tous de la Westvleteren en vente. Ce projet pilote, qui s'étendra sur un an, vise à exporter quelques 790 hectolitres de bière, ou 240 000 bouteilles, chez nos voisins néerlandais. Wauters Hulst doit toutefois se conformer à quelques exigences de l'abbaye, notamment en ne prenant pas de marges trop importantes, ni en revendant les bouteilles auprès de restaurants ou de boutiques en ligne.
En plus de lutter contre la revente, le but avoué de la manoeuvre est de "désengorger" la présence de clients néerlandais aux portes de l'abbaye, représentant environ 11% des ventes, et donc de permettre à davantage de clients belges d'obtenir quelques bouteilles. L'abbaye reconnait toutefois qu'il s'agit de quantités plutôt modestes : le café In de Vrede, non loin de l'abbaye de Saint-Sixte, vend près de trois fois plus de bouteilles à lui seul. Les boutiques Wauters Hulst n'auront pas non plus la chance de recevoir leur bière dans l'iconique bac en bois... ils devront se contenter d'un simple carton. Notons que l'abbaye est toujours à la recherche d'un nouveau directeur général "pas trop commercial".