Les pionniers de chez Stone Brewing, brasserie américaine se complaisant dans son irrévérence et connue pour ses bières au houblonnage agressif, rencontrent encore un changement inquiétant. Deux ans après son rachat par le géant industriel Sapporo, et un an après avoir déclaré vouloir doubler sa production, le PDG Zach Keeling déclare que les recettes de l'export ne représentent qu'1% du chiffre d'affaire total de la brasserie. Un chiffre bien trop bas qui invite l'entreprise à repenser ses plans : "à l'avenir, leurs efforts seront concentrés sur les Etats-Unis, où les marques Stone et Sapporo connaissent un franc succès."
C'est même plus que la simple prospérité que Sapporo-Stone recherche au pays de l'Oncle Sam : la brasserie cherche à rejoindre le top 10 des brasseries américaines, justifiant notamment leur énorme investissement de 40 millions de dollars dans leur brasserie de Richmond l'année dernière et 20 millions de plus investis dans le site d'Escondido, en Californie. L'idée étant de stopper la production de bières au Canada et au Vietnam, permettant aujourd'hui de répondre à la demande américaine, pour se focaliser sur une production nationale. Celle-ci devrait s'élever entre 800.000 et 900.000 hectolitres.
Ce marché interne va lui aussi connaître des changements : exit les grandes bouteilles et les éditions spéciales ou limitées. Stone-Sapporo entend miser sur ses packs en priorité, notamment de "Delicious IPA" et "Buenaveza Mexican Lager". Des formats plus conviviaux pour des bières accessibles au grand public. Mais aussi la fin d'une époque, puisque les beer geeks jadis biberonnés à l'Arrogant Bastard sont aujourd'hui totalement délaissés. Une nouvelle qui n'étonnera toutefois pas grand monde suite au rachat de Stone par Sapporo, et d'autant plus en raison d'un secteur brassicole de plus en plus rude et compétitif.