Il n'est pas rare de voir les brasseurs et brasseuses s'essayer à la concoction de bières de styles oubliés, voire historiques. L'exemple le plus connu est certainement le gruit, un mélange de plantes servant à aromatiser la bière prédatant l'usage du houblon (bien que certains gruits incorporaient déjà du houblon dans leurs mélanges). Le projet du jour vise à recréer la Fuqqa, une bière médiévale produite au Moyen-Orient. Le projet n'émane pas d'une brasserie curieuse pour une fois, mais plutôt d'un groupe de cinq passionnés d'histoire soucieux de retrouver les gestes, les goûts et les pratiques d'antan. Cette petite équipe est ainsi constituée de deux "archéo-brasseurs" travaillant pour l'association Ludotium (Romuald et Chloé, connus pour la brasserie Hepta) mais aussi un historien de la bière, une historienne experte en histoire de l’alimentation, et un spécialiste des manuscrits arabes médiévaux.
En atteste le CV respectif de ces différents profils, la manoeuvre dépasse allègrement le cadre du simple brassage audacieux. L'équipe derrière le projet souhaite également recréer des poteries utilisées à l'époque, tant pour le processus de fermentation que pour la vente de la fuqqa. L'analyse de plus de 100 recettes issues de textes anciens devrait permettre de recréer les différentes saveurs et arômes de cette bière. Avec autant de recettes différentes, il parait compliqué de vous donner un profil typique auquel vous attendre... La fuqqa pouvait être réalisée à partir de riz, d'orge ou de blé, mais aussi de pain, et comportait parfois des épices ou des plantes aromatiques. Difficile de décrire précisément le résultat escompté par l'équipe, même si le souhait est bien sûr de respecter les techniques et ingrédients utilisés à l'époque.
Bien que le projet mise sur un financement participatif, il est important de préciser que la portée du projet est principalement scientifique et non commercial. Même en apportant votre soutien à la cagnotte Leetchi, il est peu probable que vous ayez l'occasion de déguster le résultat final, à moins que la campagne n'atteigne des sommes importantes. L'équipe assume pleinement vouloir réaliser ces recettes à titre d'expérimentation et d'apprentissage, puisque le projet permettra à terme des analyses scientifiques des différents échantillons, et la publication des différents résultats au travers d'articles scientifiques ou de livres. Mais si toutefois l'envie de soutenir un petit bout d'histoire brassicole vous intéresse, vous avez jusqu'au 27 juillet... et cela se passe par ici.