Pannepot Vintage 2019 - Vol. Alcool : 10%
Pitch :
La brasserie De Struise ("l'autruche" en français, mais également "robuste" en argot), basée à Vleteren, n'est sans doute pas la brasserie artisanale la plus connue ou populaire auprès des zythophiles belges. Active depuis 2001, la brasserie est pourtant pionnière, puisqu'elle prédate de presque une décennie l'arrivée de la révolution craft chez nous, et ses bières fortes, supportant bien le vieillissement, en font une référence prisée du public américain, à l'instar de Cantillon. Cette relative obscurité dans notre plat pays ne doit cependant pas occulter la créativité des brasseurs, ravis de réinventer des styles traditionnels, parfois même étrangers, pour mieux les retravailler. C'est le cas de leur gamme "Black Albert", proposant un imperial stout "à la belge" à chaque nouvelle édition. C'est aujourd'hui leur tout aussi célèbre gamme "Pannepot" que nous allons déguster, nommée en référence aux bateaux de pêcheurs de La Panne, qui dégustaient soi-disant des bières brunes fortes après une froide et rigoureuse journée de travail...
Il est parfois compliqué de s'y retrouver face aux nombreuses versions de la Pannepot : non seulement les crus changent avec les années, mais plusieurs versions d'une même bière peuvent exister. Ici, c'est donc la Pannepot Vintage 2019 (et non pas la version "Reserva", qui elle connait un double-barricage !) que nous allons boire, héritant de quelques années de maturation supplémentaires. Mais vous la trouverez encore dans l'un ou l'autre magasin spécialisé.
Dégustation :
Au service, la bière étonne par une quasi-absence de mousse, qui disparait presque immédiatement. Mais les arômes demeurent particulièrement puissants, et embaume la pièce d'une odeur de caramel bien brûlé et de fruits tels que la datte ou le pruneau. La madérisation de la bière n'est pas tant équivoque au nez, mais se révèle timidement en bouche, par son côté quelque peu "rustique". Le corps de la bière n'est pas si épais que l'on pourrait s'y attendre d'une bière à 10%, mais sans doute que les derniers sucres résiduels ont eu le temps d'être grignotés par les levures depuis lors. La première gorgée reste pourtant ronde et douce, tapissant la bouche d'un goût de "christmas cake" à la britannique qui persiste. Une fin de bouche légèrement plus sèche évite à la bière de devenir trop lourde ou de saturer notre palais, tout en conférant suffisamment de parfum pour savourer chaque gorgée. Ce côté rustique persistant laisserait croire que la bière a profité d'un passage en barrique comme nombre de ses consœurs. Il n'en est rien : ce privilège est réservé à la Grand Reserva. Sans doute moins riche que lors de sa mise en bouteille : elle garde un côté réconfortant, réchauffant même, qui profite pleinement d'une température de service un poil plus haut... à moins que vous ne preniez pleinement le temps de laisser sa palette d'arômes fruités se déployer en laissant la bière gagner des degrés au fil d'une dégustation sage et patiente. Il ne tient plus qu'à vous de vous perdre dans la riche histoire de la Pannepot, classée dans le top 100 des meilleures bières du monde depuis 2004, et d'en découvrir toutes les nuances !