Notre site web doit énormément à Catherine Minne car elle fut la première à inviter votre rédacteur à un festival brassicole à une époque où la renaissance artisanale de la bière débutait à peine. Plusieurs verres et années plus tard, nous croisons toujours avec plaisir Catherine lorsqu'elle forme un duo avec son mari Philippe pour percer des fûts de délicieuses bières de la Brasserie Minne (anciennement Brasserie de Bastogne). Loin de rester dans l'ombre des cuves ou du brasseur, Catherine véhicule haut et fort son amour et sa passion pour la bière artisanale!
Comment es-tu tombée dans le monde de la bière et quelle est ton rôle professionnel et privé au sein de la Brasserie Minne?
Catherine: On ne tombe pas dans le monde la bière, on y nait! Enfin, c'était le cas quand je suis née, en 1962. J'ai toujours bu de la bière et j'ai toujours vu des femmes en boire. Le fameux slogan "les hommes savent pourquoi" (NDLR: pour la Jupiler, faut-il le préciser) a débarqué et m'a toujours bien fait rire, sans me paraître pour autant sexiste: c'était de la pub, voilà tout. C'était simplement leur façon (bien conne) de promouvoir leur Pils. On était juste après les années de revendications féministes des années 70 et j'estimais les avancées obtenues vers l'égalité comme acquises. Pour moi, on était désormais dans un monde égalitaire. Du coup, naïvement, je prenais cette campagne marketing au second degré... un truc du marketing, voilà tout.
Mon rôle au sein de la brasserie a démarré tôt puisque j'ai été l'instigatrice du tout premier brassin... dans le garage de Philippe! J'adore les plantes et j'avais vu que la haie d'à côté était envahie par du houblon sauvage. Du coup, Phillippe s'est documenté sur la méthodologie et a fait sa première bière avec un orge malté dans le four de la maison et ce fameux houblon sauvage (puis on a découvert Brouwland❤). C'était aussi le début d'Internet et j'ai découvert Brussellensis et Brassigaume: on a fait tous les festivals et visité énormément de micros existantes en Wallonie et en France. Actuellement, je suis le bras droit du chef brasseur et entrepreneur mais aussi un soutien psy, son support administratif et je m'occupe de la communication.
Quel est ton style de bière préférée, et si tu devais en choisir une... laquelle et pourquoi?
Catherine: Une bière légère parce que je bois beaucoup... Pour le style, une bière conviviale qui fait rire, parler et refaire le monde autour d'une table. Comme notre Super Sanglier puisque bien sûr: elle est Super!
Quels seraient les conseils que tu donnerais aux femmes pour les convaincre de boire de la bière artisanale?
Catherine: Je donnerai surtout un conseil unisexe: dans la comparaison artisanal versus industriel, connaissez ce que vous buvez! Et de la Sour au Stout, tous les goûts sont réunis dans le monde de la bière. Pour moi, il est impossible, avec un minimum de curiosité, de ne pas trouver bière à son goût! C'est mon plaisir lors des salons et festivals brassicoles: tomber sur la compagne/le compagnon qui prétend ne pas aimer la bière. Avec la gamme de bières existantes chez moi ou chez les autres stands, il ou elle en trouve toujours une à son goût. Et ça c'est génial!
Quels seraient tes conseils aux hommes pour ouvrir le monde de la bière aux femmes?
Catherine: Je trouve certains hommes de plus en plus insupportables, hermétiques, imbus d'eux-mêmes et de leur pré carré. Mais pour résumer ma pensée: je conseille surtout d'écouter, de privilégier l'empathie et d'arrêter de vivre comme le nombril de l’univers. Heureusement, le monde de la bière en Belgique me semble assez bienveillant (je ne parle que des gens de 40 et plus) mais j'apprends chaque jour que les jeunes geeks/brasseurs/brasseurs amateurs sont assez énervants et sexistes. Personnellement, je n'ai jamais vécu de sexisme dans le monde de la bière (hormis le sexisme mainstream habituel). J'ai toujours été bien accueillie et les brasseuses que je connais en Belgique n'ont, à ma connaissance, pas subi de discrimination professionnelle à cause de leur sexe.
Quelle évolution constates-tu dans la bière belge et dans la place des femmes dans la bière en Belgique?
Catherine: De manière générale, je remarque au niveau du féminisme que ça bouge mais trop lentement à tous les niveaux sociétaux. Je suis cependant assez confiante dans la volonté et les revendications des jeunes femmes aujourd'hui. Ma génération a été bien conne de laisser faire en faisant le gros dos! Qu'est ce que je suis contente de les entendre gueuler maintenant!