La direction de la célèbre brasserie américaine Goose Island, reprise par le géant industriel AB Inbev en 2011, n'aurait pas apprécié que certains ouvriers souhaitent se regrouper au sein d'un syndicat. Pire, depuis l'annonce de cette volonté en 2019, plusieurs ouvriers ont été licencié et ceux-ci évoquent la création du syndicat comme raison de leur perte d'emploi à Goose Island Beer Co. Le journal Chicago Tribune évoque l'affaire en détails dans un article. Sur sept travailleurs impliqués, cinq ont été viré dont le chef du projet. Les bars appartenant à Goose Island n'échappent pas à cette vague de licenciements en juin 2020 avec au moins 20 cas à Clybourn, Fulton Street et Philadelphie.
Début 2020, 75% des 125 travailleurs de la brasserie à Chicago (ouverte en 1988) exprimaient une volonté de rejoindre un syndicat. Si cette annonce peut surprendre de notre point-de-vue belge (les syndicats font clairement partie de notre paysage professionnel), de nombreux travailleurs du secteur brassicole américain ne bénéficient pas de protection sociale à leur travail. La direction de Goose Island justifie ces renvois par la fermeture de l'Horeca pendant la pandémie et nie évidemment le fait de cibler les initiateurs du mouvement syndical.
Pourtant, des dirigeants comme John Hall (qui a revendu la brasserie pour 38,8 millions d'USD) auraient mené des réunions dissuasives obligatoires auprès des travailleurs. Hall aurait également déclaré que la création d'un mouvement syndical provoquerait la fermeture du "brewpub" de Clybourn, ouvert il y a 33 ans et remodelé en 2017 après un achat par Budweiser une année avant.
Parmi les revendications poussant les ouvriers à créer un syndicat, pensons évidemment aux mauvais traitements dénoncés par les femmes du secteur brassicole mais aussi aux témoignages d'anciens travailleurs de Brewdog. Plus spécifiquement, certains travailleurs pointaient des différences de salaire entre les différents bars, Fulton payant par exemple trois fois plus ses ouvriers que Clybourn. Cette différence s'ajoute à un ressentiment puisque par exemple, lors d'une fête en 2018, les ouvriers de Clybourn ont dû servir leurs collègues de Fulton Street. Sans surprise s'y ajoutent des classiques du secteur de l'Horeca : des heures supplémentaires non-payées, des expositions à des produits dangereux comme du dioxyde de carbone dans une chambre froide et du harcèlement sexuel venant de supérieurs.
La direction de Goose Island a publié un communiqué de presse:
The employees at Goose Island are instrumental to our unique culture that we are so proud of. We have always respected our employees’ right to decide for themselves about union representation. Working together, we’ve been able to continuously brew standout craft beer, give back to our community, grow Goose Island and create something special.
The global pandemic significantly impacted our business, and like many others, we were forced to rethink the way we operate. In June 2020, we took steps to combine the Goose Island and Virtue Cider sales and marketing functions into one unified team to share expertise, maximize resources and focus on opportunities that will allow our business to adapt to the changing industry. We also said goodbye to some team members at our Brewhouse and Taproom in Chicago and Philadelphia Brewhouse, which has since closed permanently.
The incredibly difficult decision to separate with some sales, marketing and pub employees, both salaried and hourly, was entirely based on the new operating realities facing our industry, particularly bars and restaurants. We continue to be grateful for their contributions to the company during their time here.