La fameuse taxe sur les déchets sauvages a beaucoup fait parler d'elle il y a quelques semaines, et pour cause : émanant de la directive européenne sur les plastiques à usage unique (SUP directive), elle est particulièrement sévère pour la Belgique : trois à quatre fois supérieure à nos voisins. Les fédérations Comeos et Fevia, qui représentent les secteurs du commerce pour la première et de l'industrie alimentaire pour la seconde, déplorent cette taxe qui pourrait atteindre la coquette somme de 102 millions d'euros par an, à charge des entreprises. Une taxe qui s'ajoute à d'autres déjà importantes : 300 millions d'euros pour la collecte et le recyclage, et 351 millions d'euros pour la taxe fédérale sur les emballages de boissons.
Si le sujet revient sur Beer.be, c'est parce que les emballages de boissons concernent également la bière, et la taxe risque donc d'impacter les brasseries de notre pays qui rencontrent déjà d'importantes difficultés financières. Cette différence de tarifs entre les pays risque aussi de bénéficier aux entreprises étrangères, et donc d'augmenter les achats transfrontaliers. Un article de la RTBF évoque ainsi une hausse de 37% en deux ans (747 millions d'euros dépensés par les Belges dans des achats alimentaires à l'étranger en 2024). Le PDG de Fevia, Bart Buysse, rappelle à cette occasion l'annonce d'une baisse de la taxe fédérale sur les emballages prévues pour 2027... le but avoué était de réduire les achats transfontaliers, et cette nouvelle taxe plus importante que chez nos voisins pourrait déjà la rendre caduque. De plus, les différents médias parlent de "certains" emballages, dont les emballages de boissons donc, mais sans être très précis ou exhaustifs. Mégots et ballons sont également mentionnés, mais la liste complète des produits concernés n'est pas encore très claire, et pourrait donc épargner certaines entreprises, renforçant encore les risques de concurrence déloyale.
Cela rappelle la carte blanche rédigée par l'association Brewers of Europe début 2024, qui s'inquiétait d'une différence de traitement entre les brasseries européennes et les autres producteurs de boissons alcoolisées : en effet, le projet d'uniformisation des emballages à des fins écologiques pourrait ne pas concerner les boissons autres que la bière, offrant un avantage aux entreprises produisant d'autres types d'alcools. La demande formulée dans la carte blanche exigeait donc que les obligations s'appliquent à tous. Plus récemment, le nouveau président de l'association Brewers of Europe, Christian Weber, pointait du doigt la bureaucratie, les régulations excessives, les coûts énergétiques et les politiques actuelles en termes d'emballage... au niveau européen donc. Pour l'heure, le premier paiement est attendu en avril 2026, et le gouvernement flamand a déjà donné son feu vert. Reste à savoir s'il en sera de même des gouvernements wallons et bruxellois.



