Yuri Zastavny

Yuri Zastavny : réinventer le marché brassicole en temps de guerre et de crises

Nous avions déjà interviewé Yuri Zastavny, brasseur ukrainien et administrateur de la brasserie Pravda Beer Theatre, située à Lviv en Ukraine. Trois ans plus tard, la guerre ravage toujours son pays mais la situation a évolué : de la mobilisation nationale à la fabrication de cocktails Molotovs pour repousser l'avancée russe depuis la frontière nord à une habitude terrible et l'adaptation pour continuer à vendre des bières artisanales. Revenons sur la situation actuelle en deux questions :

Quelle est la situation actuelle pour votre brasserie à Lviv ?

Yuri Zastavny : "Nous avons attendu trois ans avant de pouvoir relancer notre festival Craft Beer and Vinyl dans notre ville, sans doute le plus gros événement brassicole en Ukraine. Nous avons tenu la première édition depuis le début de la guerre, regroupant une quarantaine de brasseries donc quasi la totalité du pays qui en comptait une soixantaine avant la seconde invasion russe. Les autres sont malheureusement totalement détruites ou en territoire occupé. Malgré les difficultés actuelles, comme la possibilité d'attaques aériennes ennemies, la mobilisation des hommes au front ou les déplacements plus difficiles, nous avons quand même attiré 14.000 visiteurs en trois jours ! Nous avons également ouvert des petits espaces hybrides mêlant bar et boutique pour vendre nos bières directement dans des bouteilles en plastique d'un litre (NDLR : une habitude fréquente en Europe de l'Est). En deux ans, nous en comptons une quinzaine en Ukraine et deux au Portugal. On essaye encore d'exporter nos bières pour que l'Europe continue de penser à nous."

En dehors de la guerre, quelles sont vos préoccupations ?

Yuri Zastavny : "On observe la tendance mondiale des fermetures et des réductions d'activité avec inquiétude. Depuis la pandémie de Covid-19, on constate que les habitudes des consommateurs changent avec une nouvelle génération peu ou pas intéressée par l'alcool, des inflations dans tous les sens, même la disparition d'abbayes trappistes m'inquiète. Au festival, on a vu avec amusement que les bières les plus populaires étaient les plus extravagantes avec beaucoup d'ajouts de sirops ou de friandises... On effectuera bientôt une grosse réunion pour redéfinir nos style, notre stratégie de vente et d'exportation ou même de packaging."

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