Notre soif (de découvertes) et notre journalisme total nous poussent à prendre des risques. Alors, quand Antoine Brisset nous présente sa gamme américaine, il touche notre point sensible. Le représentant français tente de nous convaincre du charme des bières de la brasserie de Brooklyn. Il ne devra finalement pas trop se fatiguer, les précieuses boissons se chargeant de nous convertir. Faisons un rapide historique avant d'attaquer le vif du sujet!
Remontons le temps jusque fin du XIXème siècle. Brooklyn apparaît comme quartier d'accueil des nombreux immigrés européens qui tentent leur chance en Amérique. Parmi eux, des Allemands qui importent leur savoir-faire et leur amour brassicole. Et comme dans d'autres villes (Saint-Louis ou Milwaukee), les brasseries y fleurissent dès la fin des années 1800. Imaginez: Brooklyn comptait 48 brasseries il y a un siècle! Elles disparurent progressivement puis totalement en 1976. La brasserie de Brooklyn ouvrit ses portes en 1984 pour offrir à nouveau des bières de qualité à New York (la ville qui ne dort jamais, dit-on). Steve Hindy et Tom Potter réussirent leur objectif en recrutant des maîtres-brasseurs de renom (Garrett Oliver s'occupe de la production actuelle), et fêtèrent les 25 ans de leur entreprise en 2013.
En plus des bières classiques à servir au fût, et des saisonnières, la brasserie propose également des bières uniques tous les quatre mois. Nous avons goûté quelques "échantillons":
Brooklyn Lager (on tap): l'ouverture des hostilités commence par la blonde servie dans les bars. Pas de bulles qui envahissent le verre mais une belle mousse pour surplomber une robe caramel. La bière sent bon le houblon et la fraîcheur, ce qui se confirme en bouche avec une note fruitée de lytchee et d'autres arômes classiques mais agréables.
Brooklyn Pale Ale (on tap): la grande soeur de la précédente lui ressemble, avec un nez très fruité et puissant, mais un goût doux et rond en bouche, présentant une légère amertume dont on ne s'étonne pas.
Brooklyn Sorachi Ace: inutile de préciser la spécificité de cette bière qui figure dans son nom! Avec une robe opaque et une légère mousse, on retrouve un jaune citron qui se goûte également. Le tout surmonté d'une pointe fumée, mais plus proche du tabac d'une cigarette que d'un cigare (sans pour autant être désagréable).
Cuvée Noire: passons aux choses sérieuses avec cette stout qui contient quelques résidus. Une légère mousse et un nez qui allie cacao et houblon avant de l'enfourner. En bouche, on trouve un mélange surprenant de zeste d'orange et de bonbon, mais aussi de boisé et de fumé. Comme si l'on associait une orangette avec des fûts de chêne.
Hand & Seal: nous ne sommes pas encore à la bière au chocolat mais c'est bien une odeur de cacao et de crème qui saute au nez. Quelques jolies bulles et une mousse ambrée qui s'estompe pour accompagner une robe foncée à la teinte de whisky. Le goût libère l'impression de déguster une liqueur vanillée et un bonbon qui fond dans la bouche. Très agréable donc!
Chocolate Stout: et voilà une bière au chocolat qui se démarque de la précédente. Cette stout noire possède une crème couleur nougat qui invite à la dégustation. En bouche, sans surprises, le chocolat noir prédomine et rend la bière ronde et crémeuse, avec une amertume en fond et des notes de café.
Post Road Pumpkin Ale: pour terminer notre tournée, on essaye une bière typiquement américaine. Pour Halloween, nos voisins de l'autre côté de l'Atlantique aiment boire des bières aux pépins de citrouilles. Une robe ambrée avec une mousse consistante; on est loin d'un breuvage de sorcière (ou de la boisson détox de tantine, comme vous voulez). Une odeur de tabasco annonce la couleur (le goût plutôt): des légumes ou le jus de tomate mais aussi les chips au ketchup avec une sensation agréable de soupe... ou en réalité de "bloody mary", un cocktail que nous apprécions fortement.
Cédric Dautinger