Véritables institutions nationales, les pubs anglais existent depuis des siècles et ont connu un succès énorme depuis la Renaissance lorsque le pays comptait taverne pour 125 habitants. Depuis, ces bars se fondent fatalement dans le décors de l'Horeca même lorsque des grosses chaînes tentent de préserver l'écrin traditionnel des pubs (dont le nom vient de "public house").
En juin 2022, l'Angleterre comptait 39 970 pubs ouverts, soit une baisse de 7000 établissements depuis la même période en 2012 d'après l'agence de consultation Altus Group. Bien entendu, ce mouvement s'est largement accéléré avec la pandémie de Covid-19 et la fermeture des pubs puis avec l'inflation importante encore en cours dans nos pays. Mais la tendance n'est pas si neuve puisque le secteur des pubs pointait déjà plusieurs problèmes : les jeunes qui boivent moins (ou ailleurs), la concurrence des supermarchés et la taxation élevée.
Pourtant, en 2019, les pubs anglais semblaient connaître un rebond avec des chiffres positifs (concernant les ouvertures) pour la première fois en une décennie. Hélas, cette première moitié de l'année 2022 compte la fermeture de 200 pubs en Angleterre et au Pays-de-Galle... poursuivant une série noire avec 400 fermetures en 2021. Au niveau régional, c'est la zone des West Midlands qui est la plus impactée avec 28 fermetures cette année, puis Londres et l'est de l'Angleterre avec 24.
Si certains médias parlent d'un chiffre noir historique, il convient de remettre ces annonces en perspective puisqu'il s'agit du plus mauvais chiffre depuis la récolte de données annuelle par Altus, donc depuis 2005. Par contre, le constat du groupe Altus contient une note plus négative encore puisqu'il indique que les pubs fermés ont été démolis ou convertis pour un autre usage. Leur identité et l'ambiance du lieu, ainsi que les éventuelles informations historiques ou archéologiques présentes sur place, sont donc vraisemblablement perdues à jamais.
Kate Nicholls, à la tête de l'Horeca anglais, indique que ces fermetures sont "vraiment choquantes mais n'arrivent pas non plus par surprise." Elle ajoute : "nous avons besoin que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour retirer les freins au développement, aider à lutter contre l'inflation que nous traversons et favoriser l'attrait du secteur au niveau professionnel. Sans ces aides, nous pourrions voir des milliers d'autres pubs perdent leurs communautés dans les prochaines années."
Emma McClarkin, directrice de la British Beer and Pub Association (BBPA), ajoute que "lorsque les pubs sont forcés de fermer, c'est une perte énorme pour la communauté locale, et ces chiffres dépeignent un tableau dévastateur sur la situation de la perte des pubs dans les villages et villes à travers le pays. En tant que secteur, nous venons de traverser les deux pires années à notre connaissance et nous devons affronter de nouvelles difficultés avec les augmentations des coûts." D'après la BBPA, seulement 37% des pubs anglais seraient en bénéfice actuellement.