L'annonce avait créé un véritable choc mondial dans le milieu brassicole : la fermeture de la plus ancienne brasserie encore en activité des USA, Anchor Brewing Co., seulement après quelques années sous le giron industriel japonais de Sapporo. Si la population locale de San Francisco (Californie) s'était ruée vers la brasserie pour boire une dernière bière (et sans doute spéculer pour certains), les beer-geeks du monde entier se remémorait leurs souvenirs relatifs aux "steam beers" d'Anchor Brewing Co.
Bien entendu, des voix s'élevaient également pour s'indigner de la disparition d'un pan aussi important de l'histoire et de l'archéologie brassicole américaine. Car outre le drame social (avec la perte d'emplois), la fermeture d'une brasserie aussi ancienne signifie également la fin de la préservation du bâtiment, des cuves ou encore des archives relatifs à la ruée vers l'or, à la première phase d'industrialisation de la production de bière en Amérique ou encore à l'usage du brassage à la vapeur (en Belgique, seule une brasserie sauvegardée pratique encore cette technique).
Certains se souviennent d'ailleurs de l'histoire de la brasserie et rappellent qu'elle a souvent survécu à des crises pour mieux renaître, par exemple lors de son rachat en 1965 par Fritz Maytag qui avait alors évité la faillite.
Sapporo vient d'ailleurs d'annoncer (Chronicle) choisir une procédure d' "Assignments for the Benefit of Creditors (ABC)" plutôt que de lancer une procédure de faillite. Via cette ABC, un tiers sera désigné pour gérer ce qu'il reste de la société Anchor Brewing Co. afin de recevoir et d'analyser des offres pour une potentielle reprise.
Trois Californiens se sont déjà officiellement manifestés pour se lancer dans cette aventure. L'un d'eux, Mike Walsh, possède un profil plus fort puisqu'il pourrait soulever un investissement suffisant pour s'assurer du rachat et de la relance de la brasserie après avoir lui-même déjà sauvé Narragansett Beer en 2005. Cette dernière brasserie a d'ailleurs lancé une pétition pour alerter le public et un site web milite dans le même sens : Raising the Anchor ("lever l'ancre").
Cette mobilisation populaire pourrait-elle sauver la brasserie ?