La brasserie Bobbi Brewery rejoint l'équipe encore restreinte des producteurs de lambics belges avec un ancrage bruxellois, avec le projet Brussels Beer Project Dansaert et l'historique Cantillon. Nous avons eu l'occasion de découvrir la genèse de ce projet ainsi que les premières bières de fermentation spontanée estampillées Bobbi !
Bobbi, entre environnement et culture
Créée en 2019, la récente brasserie Bobbi se distingue comme étant une brasserie belge éco-responsable par le biais d'une approche environnementale, socio-culturelle et économique. "Fertiliser la terre et l'esprit" (NDLR), en d'autres mots, agir sur l'environnement et promouvoir l'art, voici sans doute ce qui caractérise le mieux cette brasserie localisée dans un hangar agricole à Haut-Ittre. L'équipe n'a d'ailleurs pas tardé à investir pour accélérer l'acquisition de panneaux solaires et d'une station d'épuration d'eau pour minimiser l'impact sur l'environnement naturel.
Chez Bobbi, la culture est synonyme de quintessence car elle siège au centre de leur activité brassicole. Chaque session de brassage met en lumière divers artistes dont les ouvrages sont magnifiés au dos des étiquettes de bières et même lors d'expositions à la brasserie. De plus, la scène qui trône à côté des cuves de brassages est un vrai tremplin culturel vu qu'elle permet une multitude d'évènements liés à l'art (concerts, stand up, impros...)
Economiquement parlant, la récolte de l'orge fait également partie de ce projet de durabilité car il est cultivé à quelques encablures de la brasserie. Ce brassage local a donné naissance à huit références brassicoles. Sans tout citer, on peut retrouver quelques classiques comme la Pils, la Triple ou bien encore l'IPA mais aussi des bières plus atypiques telle que la Holy Hit, une Grape Ale 100% Riesling crée en collaboration avec un vigneron de la commune d'Ittre (Le Petit Chaumont). La brasserie encourage ainsi le tissu local grâce à des produits de la région que l'on peut retrouver également au sein de leur marché bio. Tous les amateurs de produits frais pourront régulièrement se sustenter autour d'évènements culinaires régionaux comme par exemple cette récente dégustation de fromages en accord avec les bières de la brasserie.
Un Lambic au cœur de Bruxelles
Faire du Lambic où tout a commencé, dans les Halles Saint-Géry, est apparu comme une évidence et un défi pour la brasserie Bobbi. C'est dans ces Halles, qui furent autrefois le berceau de Bruxelles, que l'envie de brasser fût un déclencheur pour les fondateurs du projet. Il aura suffi de quelques casseroles, du malt et du houblon, un soir de 2018, pour leur insuffler cette passion du brassage et le désir d'un nouveau challenge. Quelques années plus tard, cet ancien marché de style néo-renaissance flamande était donc le lieu propice pour entreposer leur Lambic dans les caves. C'est lors d'une présentation aux Halles mêmes, en compagnie de l'équipe et du maitre-brasseur Kloris Devillé, que la brasserie a officialisé son traditionnel Lambic affiné 18 mois dans des barriques de Château Margaux. Le public est reparti conquis avec un échantillon de ce nectar embouteillé et étiqueté sur place.
C'est à une quinzaine de kilomètres de Ittre, à la brasserie Den Herberg de Buizingen, que le Lambic a été brassé et façonné dans son bac refroidisseur. Den Herberg est une entreprise familiale qui brasse de générations en générations et notamment son propre Lambic depuis 2017. Rappelons que la brasserie a intégré le Haut Conseil pour Bières Lambic Artisanales (HORAL) depuis peu grâce à leur Oude Gueuze Devillé. Solide de son expérience dans le groupe John Martin avec un passage chez Timmermans et Waterloo, Kloris Devillé s'occupe de la production chez Bobbi et supervise l'élaboration du Lambic depuis Den Herberg. Ce même Lambic est ensuite acheminé dans les sous-sols des Halles Saint-Géry où une température stable sur de longs mois est déterminante (surtout en été) pour un vieillissement de qualité, comme c'est le cas ici. Il faudra maintenant s'armer de patience jusqu'au mois de janvier prochain pour ouvrir les premières bouteilles, date à laquelle le lambic sera arrivé à maturation.
Complicité entre fraise et Lambic
Contrairement à la cerise ou la framboise, il n'est pas monnaie courante de retrouver de la fraise dans nos Lambic. En effet, la fraise est un fruit capricieux à travailler lors du brassage et peut souvent donner lieu à des imperfections ou des bières non abouties sans saveurs particulières du fruit précité. De plus, le dépôt de fraise qui s'agglutine au fond de la bouteille peut jouer le rôle d'un catalyseur en créant de nombreux sites de nucléation (impuretés présentes dans le contenant et favorisant le dioxyde de carbone à se libérer) à l'ouverture, de quoi accentuer le "gushing" (jaillissement de mousse) de façon considérable.
Malgré ces complications et depuis quelques semaines, la brasserie Bobbi propose sa version du Lambic aux fraises, une édition limitée déjà distribuée auprès de quelques bars bruxellois. Une quantité non-négligeable de fraises d'Ittre, préalablement congelée, a été utilisée afin d'intensifier davantage les flaveurs du fruit. Pari réussi puisqu'on retrouve un véritable coulis de fraise à l'olfaction. En bouche, même constat, la fraise est au centre de la dégustation et accompagnée d'une texture idéale et d'une bonne acidité modérée. Si vous avez la chance de vous en procurer une bouteille (disponible également à la brasserie), le brasseur conseille de la déguster rapidement pour profiter au maximum de la fraicheur des fraises.
Merci pour cet article très intéressant ! A découvrir ! 🙂