Dioxyde de carbone et bière font généralement la paire. On pourrait presque considérer le gaz comme le cinquième ingrédient primordial de notre boisson préférée puisqu'il lui apporte toute sa pétillance. Ce dioxyde de carbone apparait lors de la fermentation, lorsque les levures grignotent les sucres et les transforment en alcool. Un procédé gagnant-gagnant en apparence, mais qui peut avoir de sérieuses conséquences écologiques pour les brasseries au volume de production plus important. D'où l'idée de capter ce surplus de gaz carbonique pour réduire sa propagation dans l'atmosphère, mais aussi s'assurer qu'il puisse pleinement profiter à la bière. La brasserie américaine Austin Beerworks, comme bien d'autres, devait commander des tonnes et des tonnes de CO² pour carbonater leurs produits, mais utilise désormais une technologie développée par la NASA pour mieux capter le gaz produit naturellement par la fermentation.
La machine employée par Austin Beerworks ressemble à un gros frigo et s'accapare le CO² des fermenteurs pour les acheminer via un système de tuyaux vers un réservoir, où le gaz finit purifié et liquéfié. Ce stockage permet de réemployer le gaz produit pour une utilisation ultérieure. Un brassin libère environ 150g de CO² par gallon de bière (environ 3,8 litres), ce qui équivaut à plus de 95 tonnes de CO² par an pour une brasserie de la taille d'Austin Beerworks, ou l'équivalent de ce que libèrent annuellement 21 voitures. Outre l'enjeu écologique, cette technologie représente également de sérieuses économies, puisqu'elle permet d'acheter moins de CO² ailleurs.
A terme, cette machine pourrait remplacer intégralement l'achat de dioxyde de carbone. La brasserie Real Ale Brewing compte déjà se reposer uniquement sur cette nouvelle technologie pour ses besoins en CO², et ce dès la fin de l'année 2023. Naturellement, cette trouvaille n'était pas réellement destinée au brassage à la base... L'idée était d'offrir aux astronautes la possibilité de générer (ou du moins économiser) les ressources disponibles en dehors de l'orbite terrestre. La technologie qui nous intéresse ici devait ainsi permettre de filtrer l'atmosphère martienne, riche en CO², pour n'en conserver que l'oxygène. De telles technologies de captation du CO² existaient déjà, et étaient même déjà employées chez certains grands groupes brassicoles (AB InBev ou Molson Coors notamment), mais elles étaient trop coûteuses ou encombrantes pour des brasseries plus modestes. Aujourd'hui, ce sont déjà 70 brasseries qui ont franchi le pas en Amérique du Nord, mais aussi au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande.
Ce n'est toutefois pas la première fois que la NASA s'acoquine au monde brassicole. Rappelez-vous de la découverte d'un nouveau système solaire baptisé "Trappist-1" en 2017... Sacrés liégeois !