De retour pour une septième édition, le salon de la bière Brasséart s'est installé une nouvelle fois dans les locaux de la salle du cheval blanc à Hermalle-sous-Argenteau. Ce festival est l'occasion de regrouper des micro-brasseurs de la région de la Basse-Meuse comprenant une quinzaine de représentants fiers et heureux de faire découvrir leurs produits à une foule de passionnés. Ce fût aussi l'opportunité pour nous d'y retourner afin de mettre en avant ces acteurs du monde brassicole. Quelques nouveautés étaient au menu de ce week-end festif : il était par exemple possible d'assister à une initiation à la zythologie avec Apperitivo ou de se lancer dans l'art du brassage avec les Barons de la Bière. Après avoir parcouru le salon et discuté avec certains brasseurs, nous avons pu redécouvrir quelques classiques brassicoles, connus déjà par un plus large publique, telles que les brasseries Grain d'orge, Sainte Nitouche et Saint-Monon. De nouveaux projets étaient également présents. On pense par exemple à Flak Beer, un projet innovant alliant bière et musique. Chacune de leurs bières est pensée pour s'accorder avec un style de musique distinct repris sur une playlist et facilement accessible par le biais d'un QR code sur l'étiquette. Petite nouvelle également dans le paysage wallon, la récente brasserie D3SL, qui est à l'origine de La Dernière Prière, une Triple belge intéressante avec ajout d'écorces d'orange et de graines de coriandre. Nous avons ainsi déambulé entre les stands de façon attentive et dégusté une majorité des bières proposées pour vous soumettre nos quelques coups de cœur.
Hesbania d'or : Née dans la commune néerlandophone de Riemst, à la frontière de la région wallonne, la brasserie Hesbania est réputée pour ses affinements en fût de chêne et ses méthodes traditionnelles champenoises. La Hesbania d'or est une Ale vieillie cinq ans en fût de chêne avec un ajout de coing. La bière porte bien son nom car elle rayonne grâce à sa robe de couleur or clair légèrement brumeuse. Au nez, ses arômes de coing et d'ananas confits entremêlés d'effluves de chêne, de cellier et de vin blanc moelleux étaient particulièrement envoutants. L'attaque douce, acidulée et soignée développait des saveurs prononcées de pâte de coing. Le vieillissement accru est ressenti sur la longueur avec un arrière-gout de chêne et de vieux cuir assisté d'une amertume sobre due à l'âcreté du dépôt. Un nectar qui ne nous a pas laissé indifférent.
Èvôye : Brassée par la brasserie du Bois l'Évêque, située au cœur de la Cité ardente, cette New England IPA nous a séduit par sa lisibilité et sa modernité. Une première bière pour ces liégeois qui nous proposent un packaging dans l'air du temps avec un conditionnement en canette et une étiquette contemporaine. On retrouve au nez tous les marqueurs du style, des arômes accentués de litchi autour desquels s'articulent des parfums plus discrets de mangue, d'ananas et de mandarine. Les céréales procurent de douces exhalations briochées accompagnées d'une finesse mielleuse. Gustativement, le mariage entre onctuosité et amertume est bien équilibré. La dégustation se conclut sur un final floral et d'agrumes de façon mesurée et maitrisée.
Wild Wild West : Experiment Ale est une association de deux passionnés de bières, de deux professeurs de zythologie à l'IFAPME de Liège mais surtout de deux amis. Situé à Esneux, Experiment Ale est avant tout un lieu où la bière s'exprime de bien des façons, en dégustation bien sûr mais aussi en accord avec des produits locaux et même en apprentissage lors de divers ateliers zythologiques. La bière dégustée qui a retenu notre attention, en l'occurrence la Wild Wild West, est une bière de leur gamme, l'A.R.A (American Rye Ale) brassée pour l'occasion avec des levures brettanomyces. La dénomination de "Orval Prototype" lui a été attribuée vu les similitudes qu'elle occasionne avec la grande trappiste. Servie au fût, elle libère des arômes fermiers, de cuir, de croûte de pain, de levain, de pamplemousse et de zestes d'orange. En bouche, les notes de malt caramel et les saveurs d'agrumes houblonnées se détachent bien et sont suivies d'un final sur une amertume sèche, incisive et persistante. On mentionnera également la Talus Theorem, une bière de blé avec, comme son nom l'indique, le houblon Talus qui est mis en exergue (suivi de près par l'Ekuanot et le Colombus). On retrouve ainsi des flaveurs de sauge, de pamplemousse rose, de feuille de coriandre, de zests d'orange, de coco et de pain au froment. Amère et judicieusement sèche, cette Wheat Beer était juste parfaite.
Scotch Norbert : Comme l’année dernière, La Pitchouli - Bière Wallonne située à Trooz en région liégeoise fait partie de nos coups de cœur. Cette fois ci, c’est avec un Scotch que la brasserie se démarque. A l'origine, la Scotch est une bière très peu houblonnée, avec un taux d’alcool élevé et largement dominée par des saveurs caramélisées et des arômes subtilement fumés. Cette réinterprétation à 6% d'alcool nous pousse à une expérience sensorielle vraiment convaincante et aux antipodes du style précité. Olfactivement, les arômes de châtaignes cuites, de café moulu, de pain grillé et subtilement réglissé gravitent autour d'une structure terreuse et herbacée. L'attaque est légèrement effervescente avec une pointe d'acidité et un taux de sucres résiduels relativement bas. On alterne en bouche entre saveurs douces de café et de toast brûlé avec un basculement sur une amertume torréfiée et délicatement végétale. Un Scotch qui se boit avec beaucoup de souplesse !
Black Sponk : La brasserie Sponk signe son retour à Brasséart avec la Buzz, une blonde au miel naturel utilisé avec beaucoup de raffinement. Cependant, et pour la seconde année consécutive, nous avons finalement jeté notre dévolu sur la Black Sponk, un American Stout bien plus complexe qu'il n'y parait ! L'engagement olfactif tend sur des arômes de chocolat noir, de pain grillé (voir brûlé) avec des réminiscences de fruits des bois entre cassis et framboise. En parallèle, les fruits secs se distinguent avec des émanations de raisins secs, de pruneaux et de fraises séchées. Les houblons, quant à eux, se font une place agrumée parmi cet enchevêtrement d'arômes. La première gorgée est veloutée et donne sur des saveurs de chocolat noir et savamment accompagné de saveurs fruitées qu'on a pu retrouver au nez. L'équilibre entre la torréfaction des malt et l'amertume des houblons est parfaite. La conclusion gustative aboutit sur un arrière-gout de pain brulé et une rétro-olfaction de cacao et de chocolat noir. Une autre s'il-vous-plaît !