bxlbeerfest 2023

BXLBeerFest 2023 : nos coups de coeur

Survenant à peine plus de deux semaines après le Wanderlust, le BXLBeerFest avait largement de quoi épancher la soif du public, décidément bien gâté en ce mois de septembre 2023. Comportant plus de soixante brasseries, de Belgique et d'ailleurs, et œuvrant dans presque tous les styles y compris les plus méconnus... Tout goûter aurait été mission impossible, même en arrivant très tôt ! La tendance de l'année semblait curieusement se diriger vers les bières acides, et plus particulièrement les wild ales et autres fermentations spontanées. Entre celles que l'on ne présente plus comme Cantillon, Tilquin ou Lambiek Fabriek et des noms qui vont très certainement refaire parler d'eux comme Kestemont et Crossover Blendery, le mot d'ordre était à l'acidité ! Mais pour notre sélection de coups de cœur, nous avons voulu afficher toute la diversité du travail des brasseuses et brasseurs, ainsi que leur grande créativité.

En Belgique :

Saison Noire par Misery Beer Co : faut-il encore présenter le manoir le plus connu du monde brassicole belge? Maitrisant les IPAs américaines à la perfection, ils proposaient également deux grisettes cette année, mais c'est leur saison noire qui nous a le plus marqué. Brassée pour un restaurant, son parfum d'écorce d'orange se démarque plus en fin de bouche, mais c'est l'ajout de basilic qui épate le plus. Puissant au nez, et toujours bien présent en bouche, ce curieux mélange atteint pourtant un équilibre très alléchant.

Liasis par La Jungle : la jeune brasserie bruxelloise s'est forgée une identité au travers de ses succulentes saisons et ses bières respectant la tradition anglaise. Alors pourquoi ne pas combiner les plaisirs? Ce robuste porter de près de 8% reste discret dans ses notes de whisky, mais impressionne par la présence affolante de myrtilles et de mûres, venant conférer une acidité marquée à l'ensemble. Dangereusement buvable, ce "sour porter" évite de choisir entre les plaisirs du malt et la buvabilité d'une acide fruitée !

Conquest, War, Death et Famine par D'Oude Maalderij : difficile de faire un choix, tant les quatre bières sont complémentaires. Quatre barleywines typés anglais, pour quatre barriques différentes, donnant quatre versions très différentes d'une même bière. "Death" était la plus intéressante avec son vieillissement en fût de tabasco, conférant des notes pimentées bien marquées à une bière pourtant forte et sucrée. Mais "War" et son mezcal offrait aussi une dégustation plaisante et rafraichissante. "Conquest" et son armagnac impressionne moins, même si cela donne un barleywine très doux. "Famine" enfin, profitant pleinement de son passage en barrique de porto, pour un résultat rond et liquoreux.

Abrikozen par Kestemont : le renouveau du lambic semble bien lancée avec plusieurs nouveaux jeunes producteurs qui lancent des projets traditionnels humblement. Kestemont incarne cette nouvelle vague dans le Brabant Flamand, avec ce projet brassicole et d'assemblage initiée il y a cinq ans par deux frères. Après avoir utilisé du lambic produit par Den Herberg, voilà l'équipe prête à utiliser sa propre production en fermentation spontanée ! Le résultat : un jeune lambic prometteur et complexe, une première Oude Geuze gourmande et plusieurs assemblages aux fruits tout simplement à découvrir. Notre petite préférée du lot : celle aux abricots, aux notes réconfortante de confiture avec une jolie pointe d'acidité.

A l'étranger :

Holy Smoke par Effet Papillon (FR) : les bordelais ne sont plus à présenter, tant leurs recettes atypiques et succulentes ont conquis les palais des beer geeks ayant pu mettre la main sur leurs étranges bouteilles de 37,5cl. Ici, leur "Holy Smoke" parait presque ennuyeuse à côté de leurs expérimentations brettées. Il s'agit pourtant d'une Lichtenhainer d'une grande maitrise, délivrant un puissant parfum de viande fumée, qui s'écarte presque entièrement pour révéler une tendre acidité lactique aussi rafraîchissante que buvable. Soulignons aussi leur "Murmure", une pastry sour réussissant l'exploit d'être gourmande sans être lourde ou pleine de sucre ! Fruit comme vanille explosent nos narines, comme pour nous préparer à un dessert, pour finalement proposer une petite acide douce sans être écœurante.

Sinking Banana Boat par Malmö Brewing Co (SE) : de l'autre côté du spectrum se trouvent les bières-desserts des suédois de Malmö Brewing, et leur filiale "Ability Drinks". Si vous croyez encore que les hard seltzer ne sont que de l'eau alcoolisée, détrompez-vous. Ce bateau-banane dégouline tellement d'arômes de bonbon à la banane que vous aurez l'impression de croquer dans un haribo ! Malgré un taux d'alcool modeste, titrant à 4,5%, ce seltzer est rond et très sucré. Une pure gourmandise assumée. Citons aussi leur "Shugga Coated", un English barleywine mesuré dans son alcool (9,5%), mais dangereux pour votre insuline. Sa carapace de coco laisse rapidement place à un goût de pâtisserie au beurre bien grasse. On n'en boira pas une pinte... Mais les plus gourmands seront aux anges !

Florida Weisse par Popihn (FR) : retour en France, avec une autre brasserie que l'on ne présente plus, célèbre pour ses IPAs absolument exemplaires et juteuses à souhait. Ici, on se tourne à nouveau vers autre chose : une Berliner Weisse à la mangue et au piment. Son corps opaque cache un arôme de piments cuits, qui se retrouve timidement à la dégustation, apportant un équilibre bienvenu face à une mangue très douce. Ils tapissent alors le fond de la gorge pour nous titiller les amygdales de leur piquant. Un exemple juteux et facile à boire, sublimé par un piment ni trop agressif, ni trop discret.

Saison Colada par Yazoo Brewing Co (US) : Nashville n'est pas avare en brasseries remarquables, et si Yazoo célèbre cette année son vingtième anniversaire, ce n'est pas pour rien. On nous confie que cette bière connait un vrai succès au sein du festival, et on comprend pourquoi : le kiwi prédomine en bouche, pour une acidité caractéristique pas déplaisante, surtout pour un fruit si peu courant dans le domaine brassicole. Ce côté presque citrique et contrebalancé par la présence de thé noir, donnant un joli bouquet atypique et puissant. La coco et la poire sont plus discrètes, mais le tout participe à faire de cette saison un exemple atypique, mais très réussi.

Lost Horizon Teufelsmoor par Buddelship Brauerei (GER) : les gros stouts étaient bien sûr de la partie avec autant de brasseries sur un même festival. Et si l'on notera la soyeuse "Astroplane" des espagnols de Dos Kiwis Brewing, ou la bombe gourmande "Saeculum" de Puhaste, c'est finalement l'exemple atypique des allemands de Buddelship qui sort le plus du lot. Au nez, elle tranche avec une Imperial Stout classique par ses notes de pomme verte et de noix de muscade. Plutôt sèche, elle tend timidement vers l'acidité plus que la douceur de bien des références du style. Elle devient donc dangereusement pintable, pour une bière à quasiment 9% !

TAU Pyment par Live Barrels (IT) : on triche un peu pour finir cette liste avec un hydromel, boisson plutôt bien représentée cette année, avec des exemples plus classiques comme très atypiques. Ne vous attendez pas à quelconque jalapeño dans la recette : un pyment est un hydromel comportant du jus de raisin. Le résultat devient largement plus buvable que de nombreux exemples, perdant un peu de ce côté épais et sucré au profit d'une timide acidité et un parfum délicat. Le cépage Trebbiano utilisé donne un côté floral et subtilement tropical à l'ensemble, permettant d'obtenir un hydromel plus sec et complexe.

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