L'abbaye d'Orval accueillait au Moyen Age une communauté de moines copistes. Avant l'apparition et la propagation de l'imprimerie, seuls les moines écrivent et copient les manuscrits (principalement la Bible mais aussi des commentaires religieux ou des textes antiques). L'abbaye sert, à l'époque, également de centre d'échanges avec d'autres sites religieux. La collection d'ouvrages regroupés à Orval se retrouve désormais à la Bibliothèque nationale du Luxembourg. La soixantaine de volumes éclaire surtout sur le fonctionnement des abbayes médiévales!
"Nous voulons savoir avec quelle peau d'animal sont fabriqués les parchemins d'Orval, explique Olivier Deparis, physicien de l'université de Namur. La première étape de notre recherche consiste à prélever des échantillons de matière sans découper le moindre morceau de ces documents d'une valeur inestimable. Nous allons faire un léger gommage sur environ 2000 parchemins différents, et les quelques milligrammes de matière ainsi prélevés seront analysés sur un plan biochimique. En fonction des protéines retrouvées, on pourra dire s'il s'agit d'une peau de veau, de mouton ou de chèvre." La réponse à cette recherche permettrait d'identifier la source géographique des parchemins utilisés. "Une hypothèse, explique Jean-François Nieus, historien du FNRS, veut que le mouton était largement utilisé dans le nord de l'Europe, en Grande-Bretagne ; le veau plutôt en Gaulle, donc en Belgique et en France ; et la chèvre plutôt en Italie. Mais tout ça doit encore être démontré. En fait, on sait vraiment très peu de choses sur les conditions de fabrication des parchemins médiévaux."
Fondée au 10ème siècle de notre ère, l'abbaye d'Orval devint également un scriptorium au 13ème siècle. A l'époque, l'abbaye dépendait du diocèse de Trêves mais se situait également sous l'influence du centre intellectuel et religieux de Liège. L'épluchage des archives pourrait donc également éclairer les historiens sur les liens spirituels et commerciaux d'Orval.