bière belge

5 clichés à oublier sur la bière belge

Même si notre site parle principalement de la bière belge, nous entendons encore énormément de clichés et lisons souvent les mêmes questions. Prenons cinq idées reçues et apportons quelques éléments de réponse afin de mieux comprendre la bière belge.

1. La bière belge est la meilleure du monde.

Nos bières possèdent une aura internationale certaine, née de publicités et de récompenses ainsi que d'une véritable qualité. Les habitants des quatre coins de la planète ont souvent certains clichés en tête concernant la Belgique. La bière en fait partie, tout comme nos gaufres ou la statue du "petit bonhomme qui fait pipi". Avec un œil extérieur, les clichés sur le pays de la bière peuvent d'ailleurs plutôt représenter... l'Allemagne ou la République Tchèque! On doit d'ailleurs notre fameuse aura à un citoyen Anglais, feu Michael Jackson (non, pas le chanteur) et son livre "Great beers of Belgium" paru en 1991. Depuis, la planète entière a connu le souffle de la révolution de la bière artisanale mais la Belgique peine à se laisser emporter pour diverses raisons. Par la haute taxation, la présence dominante d'AB Inbev, le faible nombre d'habitants ou certains clichés, les brasseries artisanales belges souffrent souvent de plusieurs années de retard sur les tendances d'autres pays comme les USA, le Canada, l'Angleterre ou... la France. Cet écart se renforce du côté des consommateurs puisque les Belges aiment fanfaronner sur la prétendue qualité de nos bières (souvent pour dénigrer celles de nos voisins) sans avoir jamais visité de brasserie, sans savoir expliquer comment brasser ou pire sans avoir bu autre chose qu'une bière industrielle.

2. Les bières d'abbaye sont brassées par des moines.

La bière belge bénéficie de nombreux flous juridiques protégeant les brasseurs et pas forcément les consommateurs. Ainsi, la mention "bière d'abbaye" n'a rien d'un véritable label qui suivrait une charte contrôlée. Pour utiliser l'image ou le nom d'une abbaye belge, les brasseries doivent simplement en trouver une... même s'il n'en reste que quelques pierres en ruine! Et comme le flou juridique permet aussi de ne pas forcément être très clair sur le lieu de production, des exemples pour illustrer ce cliché fleurissent. La gamme Leffe est par exemple bien née d'une véritable abbaye encore existante mais les bières sont brassées dans une usine gigantesque à Louvain. Les bières Grimbergen servies en France sont carrément brassées sur place par... Kronenbourg. Oubliez donc l'abbaye (et les moines), souvent distante de la brasserie. Pire, les années et l'image ancestrale utilisées pour les bières d'abbaye sont apparues via le marketing. En effet, la production de bière dans les abbayes belges a été presque totalement arrêtée lors de la Révolution Française de 1789... et les anciennes recettes d'abbaye ne correspondent plus du tout aux styles actuels les plus connus comme les bières triples.

3. Les canettes contiennent des bières médiocres.

L'être humain résiste souvent au changement et le contenant de la bière n'y fait pas exception. Tout comme le bouchon en liège pour les bouteilles de vin en France, la bouteille en verre serait le plus traditionnel et donc le meilleur pour notre boisson favorite. Sauf que la transition des fûts et tonnelets aux bouteilles lors de la révolution industrielle avait aussi provoqué une vague d'indignation! La canette possède de nombreux avantages sur la bouteille: une opacité totale, une réduction du risque d'oxydation, un poids et une taille moindres (donc plus facile à transporter et stocker), un format plus standardisé, une plus grande surface d'expression sur le contenant, une température maintenue idéalement ou encore un recyclage qui peut être efficace. Malheureusement, le format de la canette en Belgique fut d'abord utilisé par les marques premiers prix pour des bières de qualités médiocres. Du coup, la résistance des buveurs belges se montre plus farouche que dans d'autres pays où la canette de 50cl devient petit à petit la norme.

4. Les femmes préfèrent les bières sucrées.

Parmi les nombreux clichés sexistes du monde de la bière, celui des bières sucrées pour les femmes reste vraiment présent en Belgique. La faute à l'industrialisation de l'alimentation qui a très rapidement supprimé certaines saveurs essentielles de nos assiettes et verres comme l'amertume ou l'acidité. Le marketing de l'époque a donc utilisé le sucré comme fer de lance de sa croisade de conversion aux boissons industrielles (comme le Coca). Et ce marketing a rapidement ciblé plus de la moitié de la population, majoritaire dans le choix des achats des boissons: les femmes. Actuellement, les choses évoluent doucement et un rapide coup d'œil au marketing des alcools permet de constater que les bières sucrées faussement fruitées ciblent toujours majoritairement les femmes. Heureusement, les épicuriens (peu importe leurs genres) revendiquent désormais l'amour de toutes les saveurs. Les publicitaires ont donc changé leur fusil d'épaule et ciblent les femmes avec des bières moins caloriques et donc souvent... moins sucrées.

5. Les bières trappistes existent uniquement en Belgique.

Le fameux label "authentic trappist product" ne concerne déjà pas uniquement la bière. Mais pour se concentrer uniquement sur ces véritables bières d'abbaye, la liste globale surprend souvent le grand-public. Car si la majorité des bières trappistes proviennent d'abbayes belges, d'autres établissements possèdent également le précieux label depuis des années. Petit récapitulatif: Zundert (depuis 2013) et La Trappe (retour du label en 2005 suite à de vifs débats) aux Pays-Bas, Engelszell (2012) en Autriche, Spencer aux USA (2013), Tre Fontane en Italie (2015), Tynt Meadow (2018) et normalement bientôt en Espagne avec Cerveza Cardeña Trappist. Enfin, la France possède la Mont des Cats dont le brassage est effectuée à Chimay et ne pouvant donc pas autoriser l'utilisation du label trappiste même si l'origine du mouvement religieux trappiste provient bien de notre voisin du sud!

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