Le nouveau gouvernement n'a pas oublié le secteur de l'horeca dans la déclaration de politique générale de l'Arizona. Parmi les mesures annoncées, l'introduction des "caisses blanches" dans tout le secteur, c'est-à-dire des caisses qui permettent d'enregistrer toutes les transactions sans exceptions, afin de "garantir des conditions égales de concurrence" et de "permettre de supprimer de nombreuses obligations administratives telles que l'obligation de faire une addition". La volonté de s'attaquer aux contrats-brasseurs, forçant le plus souvent les établissements à vendre des produits issus de la gamme des géants brassicoles, est également mentionnée. La déclaration précise par exemple "l'introduction d'au moins une interdiction légale de résilier le bail pour sanctionner la violation d'une obligation stipulée par le contrat qui n'affecte pas les obligations du bail elles-mêmes, telle qu'une obligation d'achat exclusif et/ou minimum".
Ces mesures visent les grands groupes brassicoles tels qu'AB InBev, qui détient un important parc immobilier puisqu'il possède également les murs d'un grand nombre d'établissements horeca. Ces baux sont souvent octroyés à la condition que les gestionnaires de ces cafés, bars et restaurants ne s'approvisionnent qu'à partir des bières vendues par Ab InBev. Une concurrence qui limite fortement l'accès aux microbrasseries aux cartes de ces établissements, alors que ces dernières connaissent de nombreuses difficultés financières les obligeant parfois à mettre la clé sous la porte. L'Autorité belge de la Concurrence a reçu des signalements de la part de grossistes en boissons, de cafés et de restaurants à ce sujet. "Ces signalements concernent plusieurs pratiques d'AB InBev relatives aux conditions commerciales offertes aux grossistes et aux exploitants d'établissements horeca sur le marché belge" précise l'Autorité. "Après analyse, l'auditeur général a conclu a l'existence d'indices sérieux d'une possible infraction aux règles de concurrence relatives à l'abus de position dominante et aux accords anticoncurrentiels".
Parmi les autres mesures annoncées, les flexi-jobs auront désormais la possibilité de travailler pour un revenu de 18.000 euros annuel avec des cotisations réduites contre 12.000 euros auparavant, tandis que le salaire maximum passera de 17 à 21 euros. Des mesures déjà saluées par le secteur horeca, notamment par le biais de Matthieu Léonard, président de la Fédération Horeca Bruxelles, qui rappelle que le secteur compte toujours une importante pénurie de main d'œuvre. Quelques 6.000 profils sont recherchés rien qu'à Bruxelles.
En revanche, la Fédération des Brasseurs Belges, qui interpellait le politique il y a quelques jours à peine, déplore fortement le ton employé par ce nouveau gouvernement, dont le message passe de "l'abus d'alcool nuit à la santé" à "l'alcool nuit à la santé"... une formule quasi-similaire qui laisse toutefois tomber la nuance pour fustiger la consommation pure et simple d'alcool. Un message jugé simpliste et dangereux selon Krishan Maudgal, directeur des Brasseurs Belges, qui craint que les difficultés du secteur brassicole ne s'amplifient encore davantage en diabolisant la boisson sans retenue ni pédagogie.
"Le choix de cet avertissement sanitaire simpliste a des conséquences majeures, tant sur le plan sociétal qu’économique [...] Le récent changement de cap du gouvernement risque non seulement de nuire à la santé publique, mais aussi de fragiliser les fondements de notre culture belge de la table, de la boisson et des cafés. Notre culture brassicole, mondialement reconnue et inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, est sous pression. Avec une politique qui ne vise plus seulement l’abus d’alcool, mais également la consommation modérée, il est légitime de se demander si la richesse de notre culture pourra subsister sous sa forme actuelle. Si cette approche se poursuit, nous risquons d’assister à la disparition d’une des traditions les plus emblématiques et appréciées de la Belgique" , déclare Krishan Maudgal. Les Brasseurs Belges somment donc le gouvernement de prendre ses responsabilités afin d'informer correctement le consommateur des risques liés à l'alcool, notamment les différences entre une consommation modérée et une consommation abusive.