Après une première rencontre à l'époque où les partages de bouteilles étaient permis, nous avons posé quelques questions à Margaux Van Puyvelde qui a lancé sa propre gamme de bières: Heldin.
Comment es-tu tombée dans le monde de la bière et quelle est ton rôle professionnel et privé au sein de la Brasserie Heldin?
Margaux: Pendant ma période d'étudiante à Louvain, j'ai commencé à m'intéresser à notre héritage brassicole belge et à la culture entourant le monde de la bière. J'étudiais alors la bio-ingénierie, dans une faculté qui propose également une orientation spécialisée dans l'agriculture où la bière joue un rôle prépondérant. L'équipe du bar de notre fac proposait chaque mois des bières artisanales et les sciences du maltage et du brassage sont des sujets de recherches avec leur laboratoire dédié et les équipes y travaillant. J'y ai vu la bière comme un carrefour délicieux entre la vie sociale, les sciences et l'histoire.
Après mes études, j'ai commencé le brassage amateur, ce qui a ajouté une dimension créative à mon intérêt pour la bière. A partir de là, le hobby a grandi et j'ai lancé quelques années plus tard Heldin pour partager certaines de mes recettes et m'améliorer dans la compréhension du marché de la bière et ses défis. Comme mon installation personnelle est très petite et ne respecte pas forcément la législation pour vendre de la bière, je travaille avec Wim et Geertrui de la brasserie De Graal à Brakel pour produire mes deux bières disponibles dans le commerce (Heldin, une India Pale Ale "flamande" et Heldin Bonny Red).
Dans le futur, j'aimerais investir dans une installation de petite brasserie pour gérer l'entièreté de ma gamme et utiliser des fûts de chêne pour lancer des projets de fermentation mixte. Pour le moment, je suis également les cours de brassage du COOVI à Anderlecht pour renforcer mes connaissances.
Quel est ton style de bière préférée, et si tu devais en choisir une... laquelle et pourquoi?
Margaux: J'adore les bières de fermentation mixte (avec des levures Brettanomyces ou de l'acide lactique) qui sont parfois vieillies en fût. Je serai toujours heureuse avec du lambic ou des Oude Geuze mais aussi avec des bières moins traditionnelles comme la Sour'ire de Mortagne aux pêches fumées de Alvinne. En tout cas je n'en peux plus d'attendre la fin de ma grossesses pour pouvoir enfin regoûter à une bière acide vu que ce style n'est pas vraiment représenté dans les bières sans alcool (et c'est peut-être mieux comme ça).
Quels seraient les conseils que tu donnerais aux femmes pour les convaincre de boire de la bière artisanale?
Margaux: Je leur recommanderai certainement d'aller dans un endroit proposant des bières artisanales et de s'installer au bar. De commencer par une discussion avec l'équipe derrière le bar pour expliquer quels goûts et quelles boissons vous aimez mais aussi ce que vous n'aimez pas. Il y a tellement de styles différents que vous pouvez trouver une bière correspondante à n'importe quelle saveur (surtout dans l'offre artisanale). Toutes les bières ne sont pas amères et bourrées de bulles. Les bars spécialisés proposent en général des plateaux de dégustation vous permettant de goûter différentes bières à la pompe et d'affiner votre choix.
Quels seraient tes conseils aux hommes pour ouvrir le monde de la bière aux femmes?
Margaux: Pour les propriétaires de business, continuez de mettre en perspectives vos préjugés, surtout lorsque vous recrutez. Beaucoup de femmes seraient ravies de se salir les mains! Regardez attentivement également votre marketing. Même si votre campagne n'est pas ouvertement sexiste (certaines le sont), le ton utilisé peut vraiment indiquer que vous ciblez uniquement un public masculin... ce qui perpétue cette idée que la bière est "pour les hommes". Tout le monde y gagne quand la population qui aime boire de la bière se diversifie.
Quelle évolution constates-tu dans la bière belge et dans la place des femmes dans la bière en Belgique?
Margaux: Les femmes sont encore peut-être trop minoritaire dans le monde de la bière (il suffit de regarder les files devant les toilettes aux festivals brassicoles), je remarque quand même que de plus en plus de femmes gagnent en visibilité et deviennent de vraies ambassadrices de la bière. Si vous prêtez attention, nous sommes déjà partout: dans l'Horeca, comme propriétaires de boutiques spécialisées, guides, écrivaines, brasseuses... Je suis optimiste quant au fait que ces voix aideront à convaincre plus de femmes qu'elles ont leur place dans le monde magnifique de la bière!